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septembre 2011

Les fixations pour petits éléments de toiture

Des consommables à redécouvrir

Il existe deux grandes familles d’éléments de fixation pour toiture. La première regroupe l’ensemble des fixations destinées aux grands éléments de couverture, c’est-à-dire le zinc (commercialisé en grande majorité par le groupe Umicore et la société Rheinzink), les plaques fibrociments et les bacs aciers (marché appartenant à 70-80% à la vente directe).

Pour cet article, nous nous intéressons à la seconde famille qui rassemble les fixations utilisées pour la mise en œuvre des petits éléments de couverture à savoir les tuiles et les ardoises, matériaux commercialisés à 95% par les distributeurs professionnels.

A chaque tuile son crochet

Il existe différente façon de fixer une tuile, le DTU préconisant de fixer une tuile sur cinq sur la charpente. Dans le sud de la France, comprenons toute la région PACA, où les tuiles sont de type canal et de petits formats, les couvreurs utilisent principalement la technique du collage, communément réalisé avec du mastic polyuréthanne.

Dans le sud-ouest, bien que le collage soit également utilisé, les artisans optent plus facilement pour une fixation par des crochets spécifiques aux tuiles canal de grand format qui apportent un bel esthétisme. Ces crochets représentent le cœur du marché national, les tuiles canal largement majoritaires dans le sud de la France étant en effet plus vendues que les tuiles plates que l’on retrouve essentiellement au nord de la Loire en concurrence avec d’autres formes de toitures comme l’ardoise ou le zinc. Notons que pour un même type de tuiles, le couvreur utilise différents crochets avec des modèles permettant de fixer les tuiles centrales et d’autres, plus longs, spécifiques aux premières tuiles situées en bas de toiture. Il existe également des crochets pour tuiles canal spécifiques aux travaux de rénovation (meilleur pincement du liteau).

Une grande part du marché se concentre également sur les crochets dits universels ou pannetons, même s'ils ne bénéficient pas de la meilleure résistance à l'arrachement. Destinés aux tuiles à emboîtement, ils permettent de fixer les tuiles plates et canal mais aussi les tuiles de rive et de faîtage. Ces dernières servant à consolider l’ensemble de la couverture, elles sont toutefois le plus souvent vissées directement dans le bois de charpente.

La montée du galfan

Généralement, les crochets pour tuiles sont fabriqués soit en acier galvanisé (version la plus courante chez les distributeurs mais dont les ventes ont tendance à baisser), soit en galfan, c’est-à-dire en zinc avec un revêtement aluminium. Le plus souvent, les crochets sont traités en fin de fabrication afin d'obtenir une grande résistance à la corrosion et améliorer leur durée de vie. Ils sont également traités pour éviter de briller au soleil et de dénaturer l’aspect général de la toiture. Des modèles en inox sont également disponibles pour obtenir une grande résistance à l’air salin.

Concernant les ventes, les crochets forment un marché de niche pour les négoces multi-spécialistes mais sont indispensables pour les distributeurs spécialisés en couverture. Même s'il y a peu d'innovations propres à tirer le marché, hormis l’arrivée du galfan qui vient renforcer la solidité du crochet, il est possible pour les négoces d’accroître leurs ventes en jouant le jeu des industriels qui tentent de valoriser la technique du produit. De plus, lors de périodes de météo compliquées, notamment lors des épisodes venteux, les ventes ont tendance à augmenter, la résistance de la toiture dépendant de la qualité de sa fixation. Cet argument peut tout à fait servir de base pour dynamiser le marché sur l’ensemble de l’année.

Le crochet d’ardoise plutôt que la pointe

L’ardoise est une toiture largement utilisée dans le nord de France, notamment en pays de Loire. Il existe deux types d’ardoises, naturelles ou manufacturées, qui sont toutes deux fixées sur la structure de la toiture par des crochets (90%) ou des pointes spéciales ardoise communément baptisées pointes TEL, comme Tête Extra Large, cette dernière faisant 3,5 fois le diamètre de la tige afin de bien recouvrir l’ardoise. La prédominance du crochet préférée à la pointe pourtant moins chère, réside dans le fait qu’il offre une mise en œuvre rapide. En effet, pour fixer l’ardoise avec une pointe, le couvreur doit dans un premier temps percer le matériau puis utiliser une pince spécifique.

Les pointes peuvent être soit en acier galvanisé, le cœur des ventes, soit en inox, voire en cuivre (pour les monuments historiques principalement). La domination des pointes galva s’expliquent par le facteur prix mais aussi par leurs propriétés mécaniques. En effet, si les pointes galva sont moins chères que les versions inox et que leur durée de vie est inférieure, elles engendrent un phénomène qui, paradoxalement, les rend plus résistantes. Lors de son vieillissement, la pointe galva va en effet se fondre dans le bois et ainsi augmenter sa résistance à l’arrachement.

Concernant les crochets, le cœur du marché se concentre sur les modèles en inox avec 17% de chrome. Le talon du crochet étant soumis aux intempéries, il doit afficher grande résistance aux conditions climatiques. Les crochets inox sont d’ailleurs fortement recommandés par le DTU (Document Technique Unifié). Il est bon de signaler ici que la dernière version du DTU concernant les crochets d'ardoise intègre l'inox 316 dans les matières préconisées. Peu utilisé en France, au contraire d'autres pays européens, cet inox ne s'oxyde pas quelles que soient les conditions environnantes.

Dans les régions où les contraintes météorologiques sont moindres, les couvreurs utilisent majoritairement des crochets en acier 10-18, c’est-à-dire contenant 18% de chrome et 10% de nickel. Comme pour les pointes, il existe également des versions en cuivre ainsi qu’en acier galvanisé. Ces dernières sont essentiellement utilisées en Ille-et-Vilaine du fait des habitudes de pose des couvreurs et sont déconseillées par le DTU.

Un marché de prix

Le marché du crochet d’ardoise représente environ 3 400 tonnes de produits vendues par an. Toutefois, ce montant est à la baisse car les surfaces construites, et donc celle des toitures, ont tendance à diminuer. A cela s’ajoutent l’augmentation du nombre de toitures terrasse, le développement des panneaux photovoltaïques ou encore la croissance des ventes d’ardoises manufacturées qui sont généralement plus grandes et nécessitent moins de points de fixation.

Pour les pointes, les ventes restent dans l’ensemble stables. Elles sont positionnées sur un marché plus local et répondent à de vieilles habitudes de travail qu’il est difficile de changer. Les pointes sont automatiquement utilisées pour fixer les ardoises de rive qu’il est nécessaire de clouer pour assurer la bonne tenue de la toiture. Elles servent également dans le cadre de rénovation de monuments historiques.

Globalement, les éléments de fixation pour ardoise sont placés sur un marché de prix bataillé, les artisans gardant pour ces produits une grande sensibilité prix. Au final, stockés en masse, ils sont vendus au kilo par les distributeurs. Pour apporter de la valeur ajoutée à ces produits, les fabricants tentent de pousser les négoces à quantifier leurs ventes d’autant qu’il est aujourd’hui possible de déterminer le nombre de pointes nécessaires au chantier, mais aussi à argumenter leur discours commercial sur la technique du produit plutôt que sur le prix. Au final, c’est donc un marché qui peut s’avérer porteur tout en renforçant la crédibilité des distributeurs.

ND