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septembre 2010

Les niveaux de maçons

Les niveaux de maçons

Considéré comme un marché de prix avec une forte concurrence, le marché des niveaux de maçons connaît aujourd’hui un retournement de tendance. La forme trapèze historiquement majoritaire abandonne peu à peu son leadership au profit de niveaux rectangulaires, une géométrie qui apporte bon nombre d’avantages pour les professionnels du bâtiment. Cette évolution, qui n’est pas une révolution en soi, permet aux fournisseurs de dynamiser ce marché mature en incorporant de plus en plus de valeur ajoutée dans les produits.

De base, les niveaux sont utilisés pour vérifier l’horizontalité et la verticalité des surfaces et dans le monde du bâtiment, ils sont historiquement utilisés pour tous les travaux de maçonnerie, par exemple pour la réalisation de chapes en béton. Sur le marché professionnel, il existe différents modèles qui varient en fonction de leur forme et de leur mode de fabrication.

Des niveaux trapézoïdaux ou rectangulaires

Les niveaux trapézoïdaux sont apparus pour que les chapistes, les carreleurs et les maçons puissent à la fois poser le niveau sur leur règle et faire glisser ces deux instruments en même temps. Considérés comme traditionnels, ils sont fortement utilisés en Europe du Sud, à savoir en Espagne, en Italie et en France. Ils sont moulés à partir d’aluminium fondu qui, une fois en fusion, est placé à la louche dans un moule. Ils peuvent également être injectés, un procédé industriel qui est certes plus rapide mais qui demande une production massive pour s’avérer rentable. Du fait de ces process industriels, les niveaux trapézoïdaux sont commercialisés dans des petites longueurs, le cœur de vente étant les soixante et quatre-vingt centimètres. Notons toutefois que la longueur quarante centimètres possède par ailleurs un réel intérêt car elle correspond aux dimensions des boîtes à outils et satisfait les demandes des artisans pour lesquels le niveau est un outil secondaire comme les électriciens, les plombiers, etc. Bien que les niveaux rectangulaires puissent également être moulés, ils sont généralement tubulaires, constitués d’un profilé revêtu d’une feuille de métal. Leur forme peut également être en I avec deux semelles rapportées dans lesquelles vient s’enchâsser le profilé. Grâce à ce type de production, ces niveaux peuvent être proposés dans des longueurs plus grandes, de soixante centimètres jusqu’à deux mètres, le cœur du marché étant situé sur le segment quatre-vingt-dix centimètres à un mètre.

Poussée des niveaux profilés

Les niveaux moulés de forme trapézoïdale qui autrefois représentaient 80% des ventes en volume sont toujours majoritaires avec une part de marché d’environ 60%. Toutefois, depuis quelques années, la tendance tend à s’inverser au profit des niveaux profilés. En effet, les niveaux de grandes longueurs (jusqu’à deux mètres) ont séduit les professionnels, notamment ceux qui sont spécialisés dans les travaux d’intérieur comme les plaquistes. Pour la maçonnerie, la forme rectangulaire est également de plus en plus prisée. En effet, les maçons peuvent frapper sur l’outil pour mettre à niveau la surface dont ils vérifient la planéité, action moins facile à pratiquer avec un niveau trapézoïdal. Toutefois, cette pratique, même si elle demeure courante chez les artisans, est fortement déconseillée par les fabricants, le niveau pouvant facilement se déformer et perdre en précision.

Pour expliquer cette tendance, nous pouvons également avancer que la fabrication de niveaux profilés étant moins coûteuse que les niveaux moulés, de plus en plus d’industriels se sont tournés vers ce type de production, ce qui a eu pour conséquence première de déboucher sur une baisse des prix de vente. A l’inverse, les niveaux trapézoïdaux sont plus chers à fabriquer et sont aujourd’hui considérés comme des outils haut de gamme.

Montée en gamme

Malgré ce mouvement de fond favorable aux niveaux profilés, le marché des niveaux est plutôt mature et laisse peu de place aux innovations majeures. Notons seulement l’apparition il y a quelques années de niveaux de maçons lasers qui jusqu’ici ne se sont pas encore imposés comme une alternative. De ce fait, pour dynamiser les ventes et augmenter le panier moyen des professionnels, les industriels tentent d’apporter de la valeur ajoutée en améliorant « le niveau d’équipement » du produit.

Dans chaque gamme, les fournisseurs proposent ainsi différents modèles avec un prix de vente déterminé en fonction de la performance de l’instrument. Ainsi, au sein d’un linéaire, outre les niveaux basiques, on retrouve des modèles qui bénéficient d’une semelle aimantée, d’une fiole permettant de lire la déclivité – ces modèles, communément baptisés Torpédo, sont fréquemment utilisés par les plombiers pour les travaux d’évacuation des eaux – mais aussi, sur les versions rectangulaires, des graduations qui permettent un double emploi règle-niveau, un revêtement avec peinture anti-salissures pour favoriser la conservation de l’outil, etc. Les industriels travaillent également sur l’amélioration de la prise en main de l’outil avec des poignées intégrées dans le corps du niveau, mais aussi sur la visibilité de la bulle avec des fioles auto-éclairantes ou encore avec le brevet Kapro Plumb Site Dual View qui intègre un prisme permettant de lire la fiole verticale de face. Pour les modèles profilés en I, notons l’apparition de protections caoutchouc qui permettent de renforcer l’outil en cas de chocs ou de chutes. Toutefois, la principale évolution des industriels réside dans l’intégration de fioles plus grandes pour favoriser la visualisation de la bulle et apporter une meilleure précision, cette dernière étant généralement de plus ou moins 0,5 millimètre/mètre. La fiole peut également être placée au centre du niveau pour faciliter une utilisation verticale. Dans ce cas, elle est souvent placée à plus de trente centimètres du sol, une position qui correspond à la hauteur d’une rangée de parpaings. Notons que, outre ces équipements, le haut de gamme regroupe des niveaux fabriqués en matière composite, la fiole étant alors moulée avec le corps pour apporter plus de résistance.

Un marché de prix

Importantes en volume, les ventes de niveaux génèrent néanmoins peu de marge. Il s’agit en effet d’un marché de prix fortement concurrencé par l’offre présente en GSB et les importations. De plus, malgré les efforts des industriels, la durée de vie de l’outil a tendance à diminuer, les artisans n’hésitant plus à taper sur l’outil pour arriver à la planéité du support. Il est donc considéré comme un produit jetable par les chefs de chantiers qui investissent facilement sur des produits d’entrée de gamme, souvent d’importation asiatique. Toutefois, les artisans sont toujours à la recherche de produits de qualité et contribuent à soutenir le marché en se tournant vers des produits plus chers.

Nicolas Desbordes