Les ponceuses à bras
Une machine métier plébiscitée
Souvent désignée par le nom de Girafe®, nom du premier modèle mis sur le marché, la ponceuse à bras est une machine d’apparition récente, moins de 20 ans, qui s’est totalement imposée auprès des artisans peintres et des plaquistes. Portrait de cette – presque – incontournable des chantiers.
Préparer un support sur une bande à joint enduite, du plâtre ou sur une peinture existante n’est pas de tout repos pour un artisan du bâtiment, et cela l’est encore moins lorsqu’il s’agit de poncer un plafond avant sa mise en peinture. Sans moyen dédié, il lui faut monter sur un escabeau, tenir la ponceuse à bout de bras, la faire travailler sur la paroi et si elle n’est pas connectée à un aspirateur, porter un masque ou retenir très longtemps sa respiration. Evidemment, il y a un peu d’exagération dans le propos mais la difficulté de la tâche n’en est pas moins réelle, suffisamment pour avoir poussé un fabricant d’outils électroportatifs à imaginer un appareil capable de répondre à ces problématiques de préparation des supports. C’est ainsi qu’outre-Rhin la société Flex lance en 1997 la Giraffe®, mieux connue en France sous le nom de Girafe®, ponceuse dotée d’un manche rallongé et d’une tête de grand diamètre spécialement dédiée au ponçage des murs et des plafonds.
Un taux d’équipement de 95%
Les qualités de ce nouvel outil n’ont pas été immédiatement perçues sur notre marché national, les artisans peintres ayant du mal à se défaire de leurs habitudes de travail qui les plaçaient au plus près du support à préparer. Désormais déportés, ils devaient réapprendre une manière de travailler avec un instrument qui reste toutefois un réel prolongement de leurs mains. Il y avait également dans ces débuts un refus d’investir pour un travail ingrat, l’appareil étant relativement onéreux. Après cette première période, la Girafe® – nous allons garder cette orthographe française – s’est finalement imposée au point de devenir le nom d’usage désignant la ponceuse à bras ; une situation qui a prouvé plus que toute autre chose que ce produit fut totalement en phase avec son marché.
Aujourd’hui, comme l’indique Philippe Bayet, directeur général de Flex France, la ponceuse à bras s’est imposée dans son univers cible et 95% des peintres en sont équipés. Un marché s’est développé avec comme leader la marque Flex qui a bénéficié de son antériorité, inventeur oblige, et d’une période de dix années protégée par un brevet lui garantissant l’exclusivité du marché. Depuis la fin de cette période décennale, le succès de cet appareil ne se dément pas avec l’arrivée de plusieurs marques concurrentes, certaines ayant fait un simple aller-retour, qui proposent des machines sur différents niveaux de prix et de performances et contribuent un peu plus à démocratiser la ponceuse à bras auprès des professionnels mais également des particuliers. Nous pouvons estimer à ce jour que le marché professionnel européen reste bien orienté et tourne aux alentours de 50 000 machines vendues par an, avec 12 000 unités pour la seule France. Dans ce montant, la marque Flex contribuerait à plus de la moitié des ventes, devant Festool qui dépasserait les 25% de part de marché. D’autres marques, que vous retrouverez dans les encadrés, sont également actives sur ce segment de l’outillage électroportatif avec Mirka, Euromair, Sparky, Leman, Diam Industries, Menzer… et prochainement Metabo.
En termes de réseaux de distribution, les principaux circuits professionnels sont d’abord les spécialistes décoration puis les négoces matériaux, les quincailleries étant peu concernées par cet appareil. Les ponceuses à bras rencontrent par ailleurs un vrai succès chez les loueurs de matériels pour le bâtiment. La typologie de ces établissements correspond naturellement aux utilisateurs qui sont majoritairement des peintres, puis des plaquistes avec des variations selon les régions – il y a des peintres plaquistes en Rhône-Alpes et des plaquistes purs en Ile de France – ainsi que les sociétés multi-activités et spécialisées dans les agencements de magasins.
Télescopique, 225 mm et sans poussière
Venons-en maintenant aux caractéristiques techniques des ponceuses à bras. L’idée de base lors de sa conception était de poncer les pieds au sol, avec une tête de grand diamètre, et de capter les poussières, trois paramètres qui ont débouché sur trois attributs spécifiques.
Pour poncer les pieds au sol, rien ne vaut un long manche et c’est encore mieux s’il est télescopique. Les modèles aujourd’hui commercialisés sont ainsi proposés avec un manche fixe qui permet de travailler jusqu’à 2,5 m du sol ou avec un manche qui peut être allongé par l’ajout d’un élément supplémentaire pour atteindre les 3,5 m de hauteur de travail. Cette possibilité n’est pas négligeable car il faut pouvoir travailler dans des espaces de grande hauteur, comme des cages d’escalier par exemple. Cette rallonge peut également être télescopique, directement intégrée dans le manche et non rapportée, ce qui simplifie l’usage de l’appareil.
La grande surface de travail était nécessaire afin de pouvoir effectuer un passage rapide sur les bandes de joint pour aplanir les côtés sans endommager ou creuser la plaque de plâtre. C’est la raison pour laquelle a été choisie dès l’origine une tête de ponçage d’un diamètre 225 mm, devenu du même coup le standard du marché et proposée d’une façon universelle. Par la suite, d’autres applications sont venues compléter les possibilités de la ponceuse à bras avec le ponçage roto-orbitale avec un diamètre de plus petite dimension, 165 mm, pour préparer les nouveaux enduits airless aux tensions très importantes – un simple passage rotatif lustrerait l’enduit – et des têtes triangulaires vibrantes pour les angles et les coins. Il faut également signaler une offre pour le ponçage du béton avec un abrasif diamant plus agressif, qui est généralement utilisé en complément de l’abrasif traditionnel pour retirer des matériaux tels le crépis ou la colle à moquette.
Pour capter les poussières et garder l’environnement à peu près propre, l’équipement obligatoire est l’aspirateur de classe L (classification M ou H12 pour les poussières de béton) avec un fort débit car il doit brasser un grand volume d’air, mais sans grande dépression car il agit sur des poussières fines.
Bien travailler le support
Au-delà de ces trois grands paramètres, plusieurs autres critères sont à prendre en compte dans le choix d’une ponceuse à bras.
La puissance n’est pas l’élément le plus important car elle reste généralement limitée entre 500 et 800 watts, avec une remontée progressive du plancher vers les 700 watts pour des raisons de coûts de production. Il faut plutôt faire attention à l’amplitude des variations de vitesses possibles car les supports demandent des traitements différents. Ainsi, le spectre va de 1 000 à 1 800 tr/min avec des vitesses préconisées de 1 000 tr/min pour le plâtre et 1 600 tr/min pour les plaques de plâtre (joints) avec une tête de ponçage de 225 mm de diamètre et au minimum 1 600 et plutôt 2 000 tr/min pour le travail du béton, Flex ayant même avec le Girafon un modèle spécifique pour ce matériau tournant à 8 000 tr/min, avec une tête de 135 mm de diamètre. Cette variation de vitesse s’effectue à l’aide d’une molette, voire par gestion électronique dans le modèle haute fréquence sorti par Flex. Parallèlement, il faut au minimum un bon abrasif et donc avoir le choix dans un programme important de consommables pour bien choisir celui qui correspond à son chantier. Cette abrasion est aussi améliorée par la technologie du plateau de ponçage perforé (pour optimiser la captation des poussières et minimiser la température de l’abrasif) qui peut être doté d’une simple articulation ou d’une articulation multidirectionnelle, plus performante dans le contact avec le support. Ce plateau peut aussi être amovible pour multiplier les applications.
De l’importance du chariot
L’autre point très important est le poids de la machine et son équilibrage. Il faut déjà que la machine ne soit pas trop lourde pour qu’elle reste réellement manipulable sur un chantier et ne doit donc pas dépasser les 5 kg, ce qui est le cas des modèles professionnels avec même des poids inférieurs à 4 kg. Il faut également que la machine soit équilibrée, ceci explique que le moteur soit en général positionné sur le manche au niveau des mains de l'opérateur. Toutefois, il peut être placé au niveau de la tête, solution choisie par Festool.
Cette question du poids peut être résolue par des accessoires spécifiques comme un harnais qui vient faire soutenir la machine par le corps de l’opérateur, pour du ponçage mural ou plafond, ou encore un chariot sur lequel est placé la ponceuse et que l’opérateur dirige avec un effort minimal, ceci pour un ponçage de plafond jusqu’à une hauteur de 4,5 m. Ce dernier équipement tend à devenir un complément indispensable à la ponceuse à bras, du moins pour la CARSAT (Caisse d’Assurance Retraite et de la Santé au Travail) qui peut à l’occasion financer une partie de l’acquisition de ce chariot par les entreprises du bâtiment au titre de la réduction des TMS des personnels affectés au ponçage des plafonds.
Encore de belles années à venir
Ne serait-ce que par cet intérêt porté par les pouvoirs publics, qui vient souligner celui porté par les entreprises elles-mêmes, le marché de la ponceuse à bras reste prometteur pour les années à venir. Complément de la main de l’artisan, cette machine demande une technicité élevée pour reproduire cette habilité de travail et reste ouverte à des avancées importantes pour ouvrir son champ d’applications. Nous avons cité les différentes têtes proposées sur le marché pour s’adapter aux fonctions à réaliser, mais les harnais et les chariots évoluent également ainsi que la technologie placée au cœur de l’outil qui peut explorer de nouvelles voies, comme par exemple l’année dernière la sortie par Flex d’un modèle haute fréquence, silencieux, dont le moteur est logé à l’intérieur du manche. Les challengers font aussi preuve d’inventivité et Festool, marque reconnue pour la qualité de ses produits, a su trouver sa place sur ce marché qui reste aujourd’hui fondamentalement qualitatif, même si le low-cost essaye de placer quelques pions ici et là.
Metabo
LSV 5-225 Comfort
Puissance du moteur : 500 W
Position du moteur : manche
Diamètre de la tête : 225 mm
Articulation de la tête : multidirectionnelle
Vitesse de rotation : 1000 à 1650 tr/min
Manche : extension rapportée
Longueur maximale : 210 cm
Poids : 4,6 kg
Système d’aide au ponçage plafond : lampe LED intégrée
Flex
WST 700 Vario
Puissance du moteur : 710 W
Position du moteur : manche
Diamètre de la tête : 225 mm
Multitête : 165 mm / 135 mm / triangulaire
Articulation de la tête : multidirectionnelle
Vitesse de rotation : 1000 à 1500 tr/min
Manche : extension intégrée
Longueur maximale : 173 cm
Poids : 4,8 kg
Système d’aide au ponçage plafond : chariot Gazelle
Leman
POG 225
Puissance du moteur : 550 W
Position du moteur : manche
Diamètre de la tête : 225 mm
Articulation de la tête : multidirectionnelle
Vitesse de rotation : 650 à 1 600 tr/min
Manche non extensible
Longueur maximale : 154 cm
Poids : 4,7 kg
Makita
SL 7000
Puissance du moteur : 500 wat
Position du moteur : manche
Diamètre de la tête : 225 mm
Articulation de la tête : unidirectionnelle
Vitesse de rotation : 800-1 450 tr/min
Manche non extensible
Longueur maximale : 150 cm
Poids : 4,5 kg
Mirka
Miro 955
Puissance du moteur : 550 W
Position du moteur : manche
Diamètre de la tête : 225 mm
Articulation de la tête : multidirectionnelle
Vitesse de rotation : 650 à 1 600 tr/min (280 à 950 tr/min en pression)
Manche non extensible
Longueur maximale : 150 cm
Poids : 4,7 kg
Système d’aide au ponçage plafond : extracteur de poussière
Feider
FPGAUTO
Puissance du moteur : 750 W
Position du moteur : tête
Diamètre de la tête : 225 mm
Articulation de la tête : multidirectionnelle
Vitesse de rotation : 1 000 à 1 800 tr/min
Manche : extension intégrée
Longueur maximale : 190 cm
Poids : 7 kg
Système d’aide au ponçage
plafond : Aspiration intégrée
Diam Industries
ELS 225
Puissance du moteur : 750 W
Position du moteur : manche
Diamètre de la tête : 225 mm
Articulation de la tête : multidirectionnelle
Vitesse de rotation : 1 050-1 600 tr/min
Manche : extension rapportée
Longueur maximale : 171 cm
Poids : 4,9 kg
Système d’aide au ponçage
plafond : système de décompression de l’aspiration
Festool
Planex LHS 225
Puissance du moteur : 550 W
Position du moteur : tête
Diamètre de la tête : 225 mm
Articulation de la tête : multidirectionnel
Vitesse de rotation : 340 à 910 tr/min
Manche : extension rapportée
Longueur maximale : 310 cm (4 extensions)
Poids : 4,6 kg pour 1,6 m
Système d’aide au ponçage plafond : Aspirateur effet venturi
Euromair
MAXPRO 600
Puissance du moteur : 500 W
Position du moteur : manche
Diamètre de la tête : 225 mm
Articulation de la tête : unidirectionnelle Vitesse de rotation : 650 à 1 600 tr/min
Manche non extensible
Longueur maximale : 150 cm
Poids : 4,4 kg
Système d’aide au ponçage plafond : position plafond de la tête