Les forets béton
Un marché percuté par la crise du bâtiment
Si le marché du foret béton subit actuellement le ralentissement de la construction neuve, les marques continuent à innover pour améliorer la technicité un produit dont les performances sont indissociables de la rapidité d’exécution d’un perçage et de la productivité d’un chantier. A l’heure où l’attention sur les coûts est de mise, la durée de vie de ce consommable devient également un critère de choix essentiel.
Pas de miracle : le foret béton subit la crise du marché du bâtiment, surtout dans le neuf, la rénovation se révélant toutefois fort stagnante. Sur un marché professionnel du consommable, évalué sur le premier semestre aux alentours de -5%, le foret béton, qui représente une bonne part de cet univers, suit logiquement cette spirale descendante. Evidemment, quand il n’y a pas de chantiers, il n’y en a pour personne. Les grands acteurs du direct, qui représentent 50% du marché du foret béton face à la distribution, n’échappent donc pas à cette tendance baissière. Et, d’ici la fin du deuxième semestre, les perspectives ne laissent pas entrevoir de signes de reprise manifestes, même si à plus long terme, cet univers reste prometteur.
Un marché concurrentiel
La morosité ambiante est évidemment de nature à renforcer le climat concurrentiel qui entoure les ventes de ce consommable. « Le marché du foret béton est déjà très tendu, assez tiré par les prix. Même s'il y a beaucoup de technicité, il est très compliqué de démontrer la différence d'un foret béton par rapport à un autre. Souvent, pour l’utilisateur, un foret béton est un foret béton » regrette Maxime Cadoret, chef de marque Milwaukee.
De nombreuses marques venant de différents horizons opèrent, il est vrai, sur le foret béton. Les spécialistes du consommable béton, à l’instar de l’Allemand Heller, dont les forets sont issus de son usine de Dinklage, en Basse-Saxe et surtout de Diager, numéro deux du marché français, qui produit ses forets dans son usine jurassienne de Poligny, ne sont pas nombreux.
Les marques de l’électroportatif, qui commercialisent les perceuses à percussion et autres marteaux perforateurs, se sont évidemment toutes mises au diapason du foret béton, que certaines fabriquent d’ailleurs en propre. C’est le cas de Bosch, leader du marché français, dont l’usine est implantée à Ravensburger et de l’Américain Milwaukee, dont les forets proviennent de son site d’Altshausen (Drebo), tous les deux donc en Allemagne.
Derrière les deux leaders des ventes de foret béton réalisées, en France, auprès de la distribution, Bosch et Diager, se profilent en fait une multitude de marques. Certaines sont aussi issues de la fixation comme Fischer, d’autres de l’univers de l’outil coupant, plutôt dédié à un autre matériau comme Tivoly, Phantom ou Izar. Rappelons que quelle que soit la marque, la certification PGM Masonry Drill Bit Association Board, mise en place par les fabricants de fixation, garantit aussi que le foret béton ainsi labellisé produit des trous de la dimension annoncée, ce qui favorise la bonne tenue de la fixation. Cette mention s’accompagne souvent d’un témoin d’usure sur la tête du foret.
Le SDS-plus s’en sort mieux
La tendance à la baisse semble plus marquée sur le foret SDS-max, davantage utilisé dans les grands chantiers de la construction neuve, plus que le foret SDS-plus, sans toutefois traduire un grand déséquilibre par rapport aux années passées.
En fonction de la machine, le foret béton se décline essentiellement en deux grandes catégories, liées au type d’emmanchement : le SDS-plus et le SDS-max. Dans l’univers professionnel, le foret standard à queue cylindrique est en effet de plus en plus marginal. Répondant aux besoins de ceux qui travaillent avec une perceuse à percussion, sans avoir recours à un marteau perforateur, il domine, en revanche sur le marché grand public. Le marteau perforateur, avec son emmanchement de type cannelé SDS-plus ou SDS-max, qui évite au foret de tourner dans son logement, permet quant à lui de générer une force de frappe maximale, en fonction d’un diamètre et d’une longueur de perçage qui peuvent être conséquents.
Le foret SDS-plus représente ainsi les deux tiers du marché (65 à 70%), face au SDS-max. Généralement, un foret SDS-plus démarre au diamètre 5 mm et peut atteindre jusqu’à 30 ou 32 mm, la plage optimale pour ce type de foret se situant entre 5 et 20 mm. Son coeur de marché se centre toutefois sur les diamètres 6, 8 et 10 mm qui correspondent notamment aux chevilles à frapper, chimiques ou métalliques les plus courantes, avec également une attention pour le 5 mm, utilisé par les plaquistes. « Cela dépend beaucoup de la typologie des utilisateurs. Un électricien ne va pas utiliser les mêmes diamètres qu'un plombier. Dans la construction, les plus gros diamètres sont plus importants » poursuit Maxime Cadoret.
Au-delà d’un besoin supérieur à 16 ou 20 mm, les spécialises préconisent de passer au SDS-max, qui permet de mieux d’encaisser les chocs et offre la puissance de perçage nécessaire au professionnel. Le foret SDS-max répond donc à des applications plus lourdes, plus intensives, avec des diamètres et des profondeurs plus importants. Démarrant autour de 12 mm, son diamètre peut atteindre 52 mm, voire davantage s’il s’agit d’applications spécifiques. « Dans nos tournées terrain, nous observons que les professionnels utilisent plus qu’avant du foret SDS-max sur de petits diamètres, sur lesquels nous conseillons plutôt d’utiliser du SDS-plus. C’est sans doute lié au fait qu’ils veulent centraliser leurs consommables sur une même machine et ont l’impression qu’avec un perforateur SDS-max, ce sera plus rapide. Mais compte tenu de la puissance de la machine, le risque est de perdre en précision et que le foret dure moins longtemps. Les contextes de chantier entraînent parfois des usages un peu hybrides… » observe Guillaume Sauvage, chef de produits Béton de Diager. A l’inverse, certains gros diamètres en SDS-plus sont utilisés de façon sous-dimensionnée par rapport à l’application, un comportement qui devrait se réduire avec le développement des perforateurs sans-fil sur le SDS-max. « Les gros faiseurs en maçonnerie sont de toute façon équipés en SDS-max, parce qu’ils font beaucoup de reprises de fer à béton. Les petits artisans, de manière générale, sont plus rarement équipés en machine SDS-max, parce qu’ils en ont plus rarement l’utilité. Et de façon occasionnelle, il peuvent utiliser si besoin un diamètre 20 mm sur leur perforateur SDS-Plus. S’ils peuvent éviter d’acheter une machine différente, ils le font » ajoute Clément Fitterer, chef de produit Fischer. Et ce d’autant plus facilement que les machines sont devenues de plus en plus puissantes. « Les machines évoluent, elles sont de plus en plus puissantes, donc ça permet, avec du SDS-plus, d'aller percer sur de plus gros diamètres qu’auparavant. Le problème, c’est que pour des utilisations plus intensives, la capacité est limitée. Pour des gros diamètres et des longueurs importantes, il faut une puissance supplémentaire. » Ainsi, sur le SDS-max, les diamètres les plus vendus restent le 25, le 28 et le 32 mm, en longueur de 540 mm. Les diamètres plus importants, par exemple le 50 et le 52 mm, correspondent à la pose de fers à béton de diamètre 40. Les diamètres supérieurs relèvent ensuite d’applications plus spécifiques et font figure de niche.
Des longueurs plus ou moins standardisées
La longueur d’un foret béton dépend, elle, logiquement de l’application, en fonction de la profondeur requise. Bien entendu, la limite liée à la résistance mécanique de l’acier joue également. Sur un foret
SDS-plus, les demandes s’orientent surtout vers les 160 et le 210 mm de long, correspondant à la pose de chevilles, voire sur des longueurs de 260 mm pour répondre aux besoins de l’isolation extérieure.
Le distributeur stocke généralement des longueurs jusqu’à 600 mm, sachant que les dimensions peuvent aller au-delà dans les catalogues des spécialistes. Selon les marques, des longueurs spécifiques peuvent aussi être mises à disposition sur demande. Rappelons qu’un foret de grande longueur peut également servir dans des endroits difficiles d’accès, pour des applications traversantes ou lorsque l’artisan veut repérer quelque chose dans un mur.
Sur le SDS-max, les longueurs peuvent dépasser allègrement les 1 500 mm, exemple jusqu’à 4 000 mm chez Diager. Il existe également des systèmes de rallonges modulables qui permettent d’accroître la longueur du foret. Peu vendus en France, les forets de longueurs imposantes sont destinés là encore à des besoins très spécifiques, par exemple pour effectuer un renforcement de fondation lors de l’injection d’une mousse polyuréthane. « En fait, il faut utiliser plusieurs forets successivement. Vous percez d'abord à 1 000 mm, puis à 2 000, puis à 3 000 mm et enfin, 4 000 mm » précise Guillaume Sauvage. Dans les chantiers du Grand Paris, les forets utilisés sont aussi relativement longs, de l’ordre de 1 500 m parce qu’il s’agit de rapprocher des structures les unes aux autres, avec des fers à béton. Là encore, ces dimensions exceptionnelles sont rarement stockées par la distribution, sauf si évidemment le...