Les coupe-boulons
Les outils qualitatifs montrent leur force
Si le marché des coupe-boulons est mature, toujours partagé entre ses bras forgés et bras tubes, il évolue plutôt en faveur des produits à valeur ajoutée qui participent à la réduction des efforts tout en présentant une durée de vie plus élevée. Les distributeurs spécialistes de l’outillage ont leur mot à dire dans cet univers dont les applications sont surtout tournées vers le BTP, en mettant justement leur expertise au service de solutions durables et performantes qui rencontrent de plus en plus les exigences des entreprises utilisatrices.
Ses longs bras et ses puissantes mâchoires forment une silhouette bien connue sur les chantiers. Le coupe-boulon se révèle toujours incontournable dès qu’il s’agit de sectionner manuellement des pièces métalliques rondes et pleines jusqu’à environ 16 mm de diamètre. Cet outil intervient donc pour la coupe de treillis, tiges filetées, barres cémentées et autres fers torsadés utilisés dans la construction mais aussi de barres métalliques dans la ferronnerie, de câbles électriques de gros diamètres ou encore des cadenas, des chaînes, des vis... En revanche, il n’est pas adapté à la coupe de tubes et tôles plates. Un coupe-boulon, malgré son nom, ne coupe pas. Ses mâchoires puissantes écrasent la matière qui, en se déformant sous l’effort, est refoulée vers l’extérieur. Autrement dit, le tranchant pénètre la couche dure du matériau, l’angle de la lame provoque un effet de coin et une rupture se crée, le rond d’acier n’ayant pas supporté la traction.
Plus seulement un prix
La grande majorité de ses applications, à 70 ou 80%, sont liées au BTP, le reste relevant de la maintenance, des services de sécurité et d’intervention comme les pompiers. Difficile toutefois de cerner précisément les contours de ce marché qui, outre les offres des marques spécialisées en outillage, comprend également de la MDD et des produits d’importation. Selon les spécialistes de ce marché, l’univers professionnel représenterait à lui seul de 100 000 à 200 000 pièces.
Ces dernières années, ce marché mature, stagnant en termes de ventes, a dû faire face à l’évolution des process dans la construction. Les chantiers utilisant de plus en plus de treillis pré-découpés en usine, l’utilisation d’un coupe-boulon devient dans certains cas moins intensive même si cet outil est toujours requis au moment de l’ajustement des tiges. Si, dans les appels d’offres, le prix reste un critère essentiel, les fournisseurs observent toutefois une évolution de la demande en faveur des produits de qualité, plus durables et contribuant à la réduction des efforts, sous l’influence des démarches RSE et des CHSCT chez les grands donneurs d’ordre. Comme sur de nombreux marchés de l’outillage, le coupe-boulon profite de la démarche en faveur de produits de durée de vie supérieure, qui associent des aspects d’ergonomie et de confort, contribuant à limiter les risques pour l’opérateur, diminuer les arrêts de travail et augmenter la productivité.
Dans le contexte actuel de crise sanitaire, ce mouvement s’inscrit aussi dans une recherche de meilleure maîtrise des approvisionnements avec un recentrage sur les produits fabriqués en Europe même si ces derniers ne sont visiblement pas épargnés par les tensions actuelles liées à la hausse des prix sur les matières premières. Toujours est-il, pour reprendre les termes d’un fabricant européen, aujourd’hui, le coupe-boulon, ce n’est plus seulement un prix !
La recherche de la valeur ajoutée
Cette recherche de valeur ajoutée se traduit sur le marché par la primauté des fabricants européens.
Sam, dont les coupe-boulons sont fabriqués dans son usine de Saint-Étienne, fait figure de référence historique sur ce marché avec son Samtitan, lancé en 1921 lorsque que son dirigeant, à la tête des Forges Stéphanoises, a eu l’idée de proposer une alternative nationale aux coupe-boulons utilisés par les Américains après la première guerre mondiale pour nettoyer les champs de bataille des fils de fer barbelés. Si les plans de son produit emblématique n’ont pratiquement pas changé depuis cent ans, le process de production évolue régulièrement, la dernière évolution en date étant l’introduction toute récente du procédé de la forge à froid, procédé qui diminue notamment les reprises après forge et va contribuer à l’efficacité et à la rentabilité du fabricant stéphanois. La marque propose aujourd’hui dans sa gamme quelque 35 coupe-boulons, en tenant compte des différentes variantes.
De son côté, l’Allemand Knipex, avec son positionnement premium, a su capitaliser sur la notoriété de ses pinces pour devenir l’une des marques reconnues comme spécialiste du marché du coupe-boulon avec une vingtaine de modèles en incluant des versions compactes. Dans l’univers du premium, difficile aussi de passer son silence un autre fabricant français, le Savoyard Leborgne, à l’origine en 2013 de la dernière grande évolution technologique apparue sur le coupe-boulon avec son système à démultiplication breveté – celui-ci s’inscrit dans la gamme Nanovib positionnée sur la prévention des risques et des accidents dans l’environnement du travail. Le coupe-boulon occupe également une place de choix dans l’offre d’autres marques, spécialistes de l’outillage, comme Mob dont les ventes sur ce produit ont affiché une croissance de 11% en 2020 et qui depuis quatre ans a introduit une gamme fabriquée au Japon pour compléter son offre sur le haut de gamme, ou encore Facom et KS Tools. La marque Stanley, quant à elle, est surtout présente dans la distribution bâtiment. La liste n’est bien entendu pas exhaustive...
Si le coupe-boulon est avant tout utilisé dans le BTP, les spécialistes de l’outillage que sont les quincailleries et fournitures industrielles représentent vraisemblablement plus de la moitié des ventes de ce marché, face aux négoces en matériaux. Leur expertise leur permet notamment de mieux augmenter sur la qualité des produits auprès de leurs clients. Si ce produit est bien connu des utilisateurs, la mise en avant régulière des bienfaits liés à un effort de coupe réduit et à une longue durée de vie reste indispensable.
Qualité des alliages
La performance d’un coupe-boulon est indissociable de sa qualité de conception, un terrain que défendent bien entendu les fabricants leaders de ce marché face aux importations d’entrée de gamme.
Pour résister aux contraintes subies par l’outil appelé à couper des ronds d’acier jusqu’à 16 mm dans des duretés de 19 à 48 HRC (exprimées aussi de 75 daN/mm2 à 160 daN/mm2), la qualité des aciers qui composent la mâchoire est essentielle, ce qui justifie aussi les différences tarifaires avec les produits basiques. Les coupe-boulons de qualité sont conçus dans des alliages spéciaux, parfois propres aux fabricants, souvent pour les plus performants dans des aciers haute résistance type chrome vanadium...