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novembre 2022

Les forets béton

Sur une spirale ascendante

Malgré un ralentissement cette année, par rapport à l’euphorie de 2021, le marché professionnel du foret béton reste porteur. Cet univers se développe de plus en plus sur des produits techniques, faisant la part belle aux multi-taillants, avec à la clé des objectifs de vitesse de travail, de confort et de rentabilité. Pour mettre en avant leurs produits à valeur ajoutée, les fabricants n’hésitent pas à accompagner leurs distributeurs sur les chantiers, pour des tests et démonstrations, opportunité de prendre des points sur la vente directe.

Le foret béton reste promis à un bel avenir. Même si, selon les données du Secimpac, les fabricants observent à fin septembre un retrait en valeur de 1% de leurs ventes aux distributeurs de consommables dédiés au perçage du béton, il n'y a cependant pas d’inquiétude, à avoir : ce recul du marché professionnel intervient après une année 2021 en croissance de 16%. Le ralentissement est lié aussi à un phénomène de déstockage de la part des distributeurs, qui avaient cherché l’an dernier à se prémunir des problèmes d’approvisionnement en remplissant un peu plus qu’à l’accoutumée leurs entrepôts. 

Aujourd’hui, les indicateurs restent au beau fixe. Il semble que les sorties de caisse soient toujours soutenues même si la prudence est de mise par rapport aux mois à venir, compte tenu du climat économique. Au-delà des grands chantiers, comme ceux des JO 2024 ou du Grand Paris, la rénovation, surtout, représente un vivier quasiment inépuisable. Il suffit d’observer l’utilisation croissante du béton armé dans les constructions au cours de ces dernières années, passé de 47%, en 2004, à 58%, trois ans plus tard. Rappelons, par ailleurs, que l’État a fixé à 2050 l’échéance de réduction de la consommation énergétique des logements, avec comme objectif d’éliminer 7 à 8 millions de maisons, ou appartements, considérés comme passoires thermiques, ce qui représente autant de rénovations en perspective.

De surcroît, dans l’univers professionnel, le marché des forets béton, évalué autour de 43 millions d’euros en 2021, est stimulé par une demande qui joue en faveur des outils les plus techniques procurant efficacité, gain de temps, mais aussi sécurité et confort pour l’utilisateur. Si certains spécialistes observent actuellement un regain d’attention pour les produits premier prix, les critères de la performance et de la durée de vie du produit restent essentiels pour les professionnels, surtout ceux qui ont des perçages répétitifs, à l’instar de l’électricien confronté à la pose d’un chemin de câbles. Des marques comme Bosch mettent par exemple en place des comparateurs témoignant de la rentabilité d’un foret béton de dernière génération par rapport à un produit plus standard, en fonction du nombre de trous réalisés. « Le prix unitaire n’est pas révélateur. Quand le professionnel a besoin de moins de forets, il est gagnant économiquement et court moins le risque de se trouver confronté, sur le chantier, à un outil qui casse ou ne perce plus. Le comparateur permet aux utilisateurs d’avoir conscience de la qualité des produits et des gains générés. Cela leur démontre qu’au final, ils seront gagnants par rapport à un produit d’entrée de gamme » explique Solène Cloatre, chef de produits Bosch. 

Il faut dire aussi que la puissance des machines a évolué et, avec elle, la nécessité de disposer de consommables adaptés. Chez Bosch, par exemple, le marteau perforateur SDS-plus a évolué de 2,6 joules à 5,8 joules entre 2015 et 2021. Son homologue SDS-max a lui gagné sur la même période 3,2 joules, atteignant les 12,5 joules en 2021. 

68% des ventes pour le SDS-plus

En fonction du choix de l’équipement, ce consommable se décline en deux grandes catégories, liées au type d’emmanchement : le SDS-plus et le SDS-max. Dans l’univers professionnel, le foret standard à queue cylindrique devient en effet de plus en plus marginal. Répondant aux besoins de ceux qui travaillent avec une perceuse à percussion, sans avoir recours à un marteau perforateur, il domine, en revanche sur le marché grand public. 

Au-delà des très petits diamètres, il est effectivement difficile de percer le béton avec un foret à queue cylindrique. Le marteau perforateur, avec son emmanchement de type cannelé SDS-plus ou SDS-max qui évite au foret de tourner dans son logement permet quant à lui de générer une force de frappe maximale, en fonction d’un diamètre et d’une longueur du perçage qui peuvent être conséquents. 

Estimé à un peu plus de 29 millions d’euros en 2021, le foret à queue SDS-plus représente le gros du marché professionnel. Ces dernières années, il a progressé au rythme du déploiement du parc des marteaux perforateurs sur les chantiers et se décline depuis les petits diamètres de 3,5 ou 4 mm jusqu'à ceux de 20 mm en standard, mais peut grimper jusqu’à 25 ou 30 mm. Son coeur de marché est centré sur les 6, 8 et 10 mm qui correspondent notamment aux chevilles à frapper, chimiques ou métalliques les plus courantes, avec également une attention pour le 5 mm, utilisé par les plaquistes. 

Le SDS-max prend du poids

Au-delà du diamètre 16 mm, le foret SDS-plus n’est plus suffisant pour encaisser les chocs et la puissance de perçage nécessaires. Il faut faire appel au SDS-max qui répond à des applications plus lourdes et intensives, avec des diamètres et des profondeurs plus importants. Démarrant autour de 12 mm, son diamètre peut atteindre 52 mm, voire davantage s’il s’agit d’applications spécifiques. 

Evalué par le Secimpac à un marché d'environ 12 millions d’euros, toujours dans l’univers professionnel, le foret SDS-max gagne du terrain, profitant des évolutions techniques des marteaux perforateurs dont le rapport poids/puissance autorise aujourd’hui un usage plus large chez les artisans. « Sur les diamètres de 12 à 20 mm, beaucoup d’utilisateurs utilisaient une machine SDS-plus de façon sous-dimensionnée par rapport à l’application. Ils n’hésitent plus à s’équiper en machines SDS-max, plus puissantes mais plus faciles à utiliser avec les nouvelles générations, notamment le sans fil. Cela représente un gain de temps important pour le professionnel » observe Franck Lallement, directeur commercial et marketing de Diager. Cette tendance touche notamment les applications liées au passage de graines électriques qui exigent des forets de diamètres de 14 ou 16 mm, et au chevillage chimique, positionné autour de 12-22 mm. 

Quant à la longueur d’un foret béton, elle dépend logiquement de l’application, en fonction de la profondeur requise. Bien entendu, la limite liée à la résistance mécanique de l’acier joue également. Autrement dit, un foret de 4 mm ne fera jamais 1 000 mm de long. 

Sur un foret SDS-plus, les demandes s’orientent surtout vers les 160 et le 210 mm de long, correspondant à la pose de chevilles, voire des longueurs de 260 mm pour répondre aux besoins de l’isolation extérieure qui se développe fortement. Le distributeur stocke généralement des longueurs jusqu’à 600 mm, sachant que les dimensions peuvent aller au-delà dans les catalogues des spécialistes. Selon les marques, des longueurs spécifiques peuvent aussi être mises à disposition sur demande. Rappelons qu’un foret de grande longueur peut également servir dans des endroits difficiles d’accès, pour des applications traversantes ou lorsque l’artisan veut repérer quelque chose dans un mur. 

Sur le SDS-max, les longueurs peuvent dépasser les 1 500 m. De même, il existe des systèmes de rallonges modulables qui permettent d’accroitre la longueur du foret. D’ailleurs, sur certaines applications, le foret SDS-max tend parfois à remplacer le carottage, même si cela reste pour l’heure marginal et surtout le fait de forages ponctuels. « Historiquement, les gros diamètres de perçage relevaient surtout du carottage. Ce système est toujours en vigueur, mais il est limité en profondeur de percement. Le foret SDS-max offre l’avantage, grâce à des systèmes de rallonge, de dépasser ces limites » précise Patrick Bilbault, de Sysco, qui commercialise en France les forets Heller et Keil. 

Flexibilité de l’acier

Pour être en mesure d’attaquer le béton...

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