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mai 2024

Les pantalons de travail

Sécurité, fonctionnalités, agrément au porté

A l’instar des vêtements du quotidien, les pantalons de travail bénéficient de l’amélioration des matières qui ouvrent sur de nouvelles solutions et font évoluer les attentes et les goûts du public. Le stretch se démocratise pour apporter du confort, les formes deviennent plus près du corps pour dessiner la silhouette, les designs sont plus travaillés pour apporter de l’esthétique, tout ceci sans oublier les impératifs incontournables de la sécurité et de l’ergonomie induits par un usage professionnel.

A moins qu’il ne porte une combinaison qui le protège entièrement, ou une cotte qui remonte largement sur le haut de son corps, la tenue de travail d’un professionnel comporte usuellement un pantalon pour le protéger des pieds à la taille. Cette pièce de vêtement est particulièrement sollicitée par les mouvements continus du porteur et par l’environnement dans lequel il évolue. Elle est soumise à des contraintes importantes et s’use beaucoup plus vite que les hauts, pour lesquels la fonction d’image tient une place indiscutable.

Comme les chaussures de sécurité il y a maintenant plus d’une quinzaine d’années, les vêtements de protection ont entamé leur mue depuis plus d’une décennie, notamment sous l’influence des confectionneurs nordiques et germaniques qui ont amené des codes différents. Les coupes se sont modernisées, les empiècements et détails colorisés se sont généralisés et l’ensemble des fournisseurs, y compris les Français qui ont su évoluer avec bonheur, propose désormais des vêtements dont le design est attirant. Au-delà de cet aspect, le pantalon doit toutefois remplir des impératifs relevant de son usage professionnel. Il doit protéger, présenter des fonctionnalités métier et apporter l’agrément au porté. Peu importe dans quel ordre ces paramètres sont mis en avant par les marques, un bon pantalon doit répondre à ces trois critères, sachant que le choix final de l’achat sera bien sûr laissé à l’utilisateur qui décidera selon ses propres attentes.

Vêtements normés et workwear

Pour notre part, nous allons placer la sécurité des personnes au premier plan et aborder cet article sur un premier critère qui sera celui de la protection. Les professionnels évoluent dans des milieux qui sont soumis à de nombreuses contraintes différentes. Ils peuvent travailler à l’extérieur sur la voie publique, dans les espaces verts, sur les chantiers, etc. et en intérieur dans des sites industriels, des bâtiments pour la construction ou la rénovation, des locaux techniques pour des interventions, des entrepôts, des bureaux, etc. Les lieux de travail sont divers et les activités sont tout aussi multiples. Evidemment, chaque milieu ou métier ne demande pas des niveaux de protection identiques et comme pour les vêtements professionnels en général, les pantalons suivent la segmentation entre articles de protection, que l’on peut identifier par l’anglicisme workwear, et les articles normés imposés en cas d’exposition à certains risques (froid, flamme, chaleur, produits chimiques, haute visibilité…). Des passerelles existent entre ces deux univers avec des pantalons de travail qui n’intègrent que quelques spécificités normées, par exemple pour résister à des intempéries ou pour intégrer un peu de haute visibilité ; dans le cadre de cet article, nous prenons le parti de classer ces articles en workwear même s’ils obéissent à des réglementations de sécurité.

D’abord la sécurité pour le multirisque

Pour un professionnel qui doit faire face à des risques identifiés dans le cadre de son activité, il y a obligation à s’équiper d’un vêtement qui le protège et dont les spécificités obéissent à des critères bien précis. C’est une étape qu’il ne peut pas sauter et quel que soit l’attrait visuel d’un pantalon, s’il ne remplit pas ce premier paramètre, il est illusoire d’envisager le porter. Evidemment, la demande en la matière est bien différente selon que l’on s’intéresse aux vêtements normés ou au workwear.

Dans le premier cas, cette fonction de sécurité est vraiment primordiale. Elle s’impose d’elle-même et constitue la base de la décision d’achat. Les caractéristiques des fibres et des tissus qui constituent les équipements sont prépondérantes, tout comme la qualité de la confection qui doit mener à une durée de vie élevée du produit. Les deux autres critères sur les fonctionnalités et l’agrément au porté, s’ils restent des arguments forts, viennent au second rang, d’autant que les contraintes normatives obligent parfois à faire des choix à leur détriment, comme pour les vêtements de soudeur par exemple qui ne peuvent être qu’épais et rigides (relativement). Les marques ont toutefois intérêt à s’intéresser au plus près à cette notion de confort pour emporter la décision, puisque la conformité normative est déjà proposée par le plus grand nombre.

Dans le workwear, le critère de la sécurité est moins présente car les personnes ne sont pas soumises à des risques invalidants. Il peut y avoir des besoins, par exemple face aux intempéries, pour la haute visibilité, pour les personnes qui travaillent à genoux, trois domaines couverts par des normes, mais on sort réellement du cadre des vêtements multirisques. Le design du vêtement et son confort prennent ici une position prépondérante.

Les fonctionnalités métier

Deuxième élément du triptyque, la fonctionnalité du vêtement qui répond à la question : de quoi a besoin le porteur ? Pour reprendre la formule d’un de nos interlocuteurs : « le pantalon n’est pas qu’un pantalon, c’est un outil en tant que tel ». Au-delà de sa coupe, sa confection doit donc répondre à des impératifs dont on peut donner ici quelques exemples pour illustrer notre propos. Les pantalons des carrossiers ne doivent pas avoir de mercerie apparente pour ne pas risquer de rayer une surface, ceux des électriciens ne doivent pas montrer de métal apparent pour éviter de provoquer des courts-circuits, ceux du milieu médical doivent supporter le lavage industriel à haute température (norme EN 15797). Il faut également ajouter les différentes poches et les anneaux qui peuvent servir à porter divers outils, des téléphones et/ou des bips, des cahiers et stylos, des badges. Ces poches peuvent se fermer par un zip, être protégées par un rabat et revêtir différentes formes : plaquées à l’arrière, italiennes en partie haute, plaquées ou cargo en latéral avec éventuellement des sous-poches, voire même flottantes dézippables ou déclipsables, une dernière possibilité qui a du succès dans le nord de la France.

Sans rentrer dans les pantalons normés pour des usages spécifiques, par exemple pour travailler par grand froid à longueur de journée, l’on peut rajouter parmi les fonctionnalités les constructions qui viennent apporter de l’imperméabilité et de la chaleur, éléments toujours bien utiles dans les environnements vivifiants. Relever la présence de membranes et tissus imper-respirants, imperméables à l’eau et au vent et perméables à la vapeur d’eau (transpiration) fait partie des critères de choix pour les professionnels devant travailler en extérieur. Il ne faut pas hésiter ici à proposer en complément des sous-vêtements techniques – des caleçons en l’occurrence - qui apportent une grande performance thermique. Ceci a aussi l’avantage de pouvoir utiliser un même pantalon toute l’année, en lui associant juste un caleçon par temps froid. On peut aussi signaler l’insertion de détails rétro-réfléchissants qui donnent une première visibilité dans les environnements sombres. Certains vont assez loin dans ce domaine en multipliant ces emplacements, jusqu’à Portwest qui propose un pantalon dont le bas amovible peut être remplacé par des jambières haute visibilité lui offrant la classification EN 20471 classe 1.

Enfin, les carreleurs et autres personnels souvent à genoux ont besoin de pantalons dotés de poches genouillères abritant des mousses d’appui. Sans ces protections, le travailleur agenouillé se trouve dans une position inconfortable, voire douloureuse, et soumet ses genoux à des pressions répétées qui peuvent à la longue déclencher une maladie professionnelle : la bursite dite aussi hygroma, inflammation douloureuse d’une bourse séreuse, poche plate remplie de liquide qui favorise le glissement de la peau, des muscles, des tendons et des ligaments contre les os. Ce risque est pris très au sérieux par les autorités sanitaires, ce qui explique qu’il fait l’objet d’une norme, la EN 14404 + A1 : 2010 bien connue sur le marché.

La recherche du « fit »

L’agrément au porté est le troisième critère d’importance pour un pantalon et agrège les notions de confort et d’esthétique. Il focalise l’attention depuis que les vêtements ont pris un coup de jeune pour correspondre aux nouvelles générations d’artisans et techniciens qui ne désirent plus être associés aux travailleurs d’antan qui officiaient sur les chantiers dans des tenues purement fonctionnelles. Ils veulent ressembler à quelque chose. Les marques travaillent à répondre à cette attente pour que les professionnels prennent plaisir à porter leurs vêtements de protection et soient incités à en prend soin – le bon entretien n’est pas une évidence si l’équipement n’est pas apprécié.

Concrètement, comme l’exprime Mathieu Habert de Bierbaum Proenen : « Une fois qu’on a déterminé les exigences techniques que doit respecter un pantalon, notre job est ensuite qu’il soit le plus confortable possible à porter. Cette deuxième partie est très importante car l’agrément au porté n’est pas un gadget mais un développement fait au profit de l’utilisateur. Celui-ci doit oublier qu’il porte un vêtement de travail. »

Cet agrément passe déjà par une coupe qui est aujourd’hui devenue très près du corps, « fittée » pour reprendre le terme communément utilisé, avec plus de couleurs et d’originalité dans les designs. Avec ce type de coupe, les vêtements se rapprochent de ceux que l’on porte en dehors du cadre du travail, avec une mise en valeur de la silhouette appréciée surtout par les jeunes générations qui sont influencées sinon par la mode, au moins par les grandes tendances vestimentaires. Cette recherche de « fit » ne doit pas dépasser un certain stade car le pantalon doit pouvoir recouvrir la botte et la chaussure et aussi être rapidement enlevé en cas de problème.

Outre le « fit », l’agrément au porté passe aussi par le design propre des pantalons. La silhouette, la forme des empiècements, l’accord des couleurs avec ou sans contraste, la mercerie, sont autant d’éléments qui viennent composer une esthétique attirante. Dans le même temps, les marques s’efforcent de marier les hauts et les bas de leurs vêtements pour construire des ensembles coordonnés. Cela permet de changer une partie de la tenue, le pantalon par exemple, sans dénaturer la panoplie. Sur le sujet des couleurs, la marque Engel Workwear se distingue avec ses pantalons qui intègrent du Cordura® ton sur ton pour confectionner de produits d’une grande sobriété, au design épuré – elle conserve le Cordura® noir sur sa ligne HV pour faire du contrasté.

L’avènement du stretch

La coupe près du corps qui se généralise dans le workwear ne serait pas possible sans l’intégration du stretch, une construction issue de l’univers du loisir outdoor qui se...

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