Renson / Cedrey
Toute l’expertise d’un concepteur assembleur
Entreprise familiale presque centenaire, Renson occupe une position de premier rang dans le transfert et le stockage des liquides nécessaires aux animaux et aux machines dans le monde agricole. Depuis 20 ans, ce positionnement évolue avec une diversification dans d’autres secteurs d’activité, comme le bâtiment ou l’industrie, et l’ouverture vers d’autres spécialités liées à la gestion des fluides comme l’outillage pneumatique, les nettoyeurs haute-pression ou les aspirateurs ; une politique couronnée de succès pour cette société fidèle au Fabriqué en France.
Le tissu industriel français a besoin d’être irrigué par des entreprises de taille moyenne qui travaillent à conserver des productions et savoir-faire dans nos territoires, créer de la richesse et préserver voire développer l’emploi. Nous relayons souvent dans nos pages le parcours de telles sociétés qui promeuvent le Fabriqué en France et qui, par leur réussite, peuvent servir d’inspiration pour tous les entrepreneurs qui aimeraient se lancer dans l’aventure industrielle ; Et lorsque l’entreprise affiche une histoire centenaire avec un renouveau certain sur le passé récent, comme c’est le cas de Renson / Cedrey – U2R sous sa dénomination officielle actuelle –, le plaisir est d’autant plus grand de relater sa riche histoire entrepreneuriale.
Un siècle d’histoire
La société U2R a été créée sous le nom Renson en 1923 à Landrecies (59) par Jules Renson, avec comme objet de fabriquer des matériels à usage quotidien et à longue durée de vie autour de l’animal. Cet industriel de la fonderie s’est ainsi spécialisé dans la production de pompes à eau, de pompes à engrais, de pompes à purin ou encore d’abreuvoirs en fonte réputés pour leur robustesse et leur longévité. Un demi-siècle plus tard en 1977, l’entreprise vit un moment important de son existence lorsqu’un de ses collaborateurs quitte la maison pour créer à une cinquantaine de kilomètres la société Usine de Rumaucourt qui déclinera le savoir-faire Renson dans l’univers de la machine et produira des pompes et cuves pour gasoil pour les secteurs du TP et de l’agricole, ainsi que des nettoyeurs haute-pression. Ces deux sociétés cousines vont longtemps mener une histoire parallèle avant de connaître un rapprochement en 2010.
Cette année 1977 voit aussi l’abandon de l’activité de fonderie qui est depuis sous-traitée auprès d’industriels partenaires et en premier lieu la Fonte Ardennaise pour la fonte, la société de Landrecies restant propriétaire des moules. Suit ensuite un épisode difficile qui se termine par un dépôt de bilan et une formidable opération de renaissance menée par treize collaborateurs de la société qui mettent en commun leurs indemnités de chômage pour la relancer. Ils associent dans le projet Jean-Pierre Renson, petit-fils du fondateur, et redonnent une seconde vie à l’entreprise qui retrouve le chemin de la rentabilité. Renson est finalement revendue à 2003 à son président et actionnaire majoritaire actuel Bruno Chesnel, un entrepreneur qui promeut la fabrication française et va en vingt ans la transformer pour la conforter comme acteur de premier plan sur ses marchés d’élection.
L’union fait la force
Comme évoqué rapidement dans le chapitre précédent, la société Renson connaît une transformation majeure en 2010 en se rapprochant d’Usine de Rumaucourt. Nées pratiquement du même moule, les deux sociétés sont totalement complémentaires dans leurs activités en proposant, schématiquement, des pompes et cuves la première pour le nettoyage des bâtiments d’élevage et l’abreuvement des animaux et la seconde pour le ravitaillement en carburant et le nettoyage des machines agricoles et TP.
Le nouvel ensemble est donc spécialisé dans la gestion des fluides, de l’eau pour les animaux jusqu’au gasoil pour les machines, et sur différents métiers, l’agricole – « Nous intervenons sur tous les liquides de la ferme, hors consommation humaine » comme le rapporte Bruno Chesnel – et le bâtiment, plus l’automobile et l’industrie. Il est juridiquement enregistré sous le nom U2R (comme 2 Usines Renson & Rumaucourt), une dénomination qui ne donne l’avantage à aucune des deux entités. Elles doivent en effet, dans l’esprit de Bruno Chesnel, être traitées sur un pied d’égalité : « Ce n’était pas une fusion absorption mais bien un rapprochement ». Les deux entreprises réalisaient d’ailleurs à cette époque un chiffre d’affaires équivalent.
Pour bien marquer cette égalité de traitement, le dirigeant choisit de réunir l’ensemble du personnel dans un nouveau site à Raillencourt Ste Olle qui vient remplacer deux bâtiments vétustes et guère adaptés aux contraintes industrielles et commerciales modernes – pour l’anecdote, Renson avait emménagé en 1923 dans une ancienne briqueterie. Ce bâtiment moderne de 10 000 m2 accueille les ateliers et les stocks et est dimensionné pour les développements futurs, sachant qu’il reste encore 15 000 m2 constructibles en réserve.
Favoriser le développement en propre
Pour poursuivre son essor, l’entreprise choisit d’accentuer son expertise technique de concepteur assembleur derrière la marque Renson, une politique suivie par Bruno Chesnel dès son rachat de 2003 : « Qu’elle serait notre valeur ajoutée si nous n’étions qu’un simple grossiste en matériels ? » Ce choix stratégique a guidé le parcours de l’entreprise tout au long de ces vingt dernières années. Il se matérialise par de nombreux développements en propre, et notamment cette année par le lancement de deux gammes spécifiques dans les aspirateurs et les nettoyeurs haute-pression thermique.
Pour concevoir ses produits, Renson travaille avec l’appui de bureaux d’études extérieurs et approvisionne ses pièces auprès de sous-traitants industriels. Elle fait ainsi appel à La Fonte Ardennaise pour la fonte, Samyb à Caudry pour l’aluminium, à un rotomouleur italien pour le polyéthylène, à un injecteur plastique à Douai pour certaines pièces comme la coiffe plastique des compteurs, etc. Dès que cela est possible, la priorité est donnée à des fabricants français et souvent à des fournisseurs locaux, situés à moins d’une heure de Raillencourt. « Ce sont des partenaires de qualité auxquels nous sommes fidèles » comme l’expose Tanguy Desrousseaux, co-directeur général de Renson / Cedrey.
Exploiter son savoir-faire technique
Cette politique qui demande une expertise technique forte concerne en premier lieu le cœur de la gamme avec les pompes et les cuves. Pour prendre l’exemple de cette famille de produits, Renson est capable de faire du sur-mesure d’après un cahier des charges et de concevoir des unités qui peuvent atteindre jusqu’à 13 000 litres de contenance. Ses équipes peuvent apporter du conseil, faire de la préconisation, proposer des solutions spécifiques, réaliser les schémas d’installation avec tous les éléments répertoriés (filtration, cuve, pompes, accessoires), et lorsque le projet est finalisé, l’équipement est ensuite rapidement livré sur son lieu d’installation. « C’est un savoir-faire unique » comme le commente Bruno Chesnel, « avec un service qui va bien au-delà de la simple livraison de matériels ».
Pour le gasoil et la logistique liée aux cuves de manière générale, Renson a beaucoup appris du pic d’activité exceptionnel de...